lundi 19 décembre 2016

La lettre de motivation

10 - La lettre de motivation :

Un document sensible semble défrayer la chronique. Il s’agit d’une soi-disant lettre de motivation découverte dans le Codice Atlantico portant la référence 1082R.

Cette lettre de motivation ne colle pas vraiment avec les aspirations de Léonard de Vinci. Ce pourrait être un faux du XIXème siècle. Communément à cette époque, face aux interrogations, il n’était pas rare que des faussaires donnent un coup de pouce au destin.

Ce document, que l’on pourrait dater des années 1485, date à laquelle Laurent de Médicis envoie Léonard de Vinci à Milan comme émissaire dans le but de travailler pour le Duc de Milan, Ludovic Sforza. Il n’y avait, donc, pas vraiment besoin d’une lettre de motivation.

Cependant, la lecture de cette dernière permet de donner un caractère patriotique à Léonard de Vinci ; et, accessoirement, donner des dates d’antériorité à ces manuscrits qui n’en n’on manifestement pas. De fait, par exemple, le manuscrit B est daté de 1490 alors que sa lecture prouve qu’il date de 1517-18.

En plus, ce texte n’est pas rédigé de la main de Léonard de Vinci, ni signé. Il semble simplement glissé, ici, fortuitement.


10.1 – Lecture de cette lettre de motivation

«Ayant très illustre Seigneur, vu et étudié les expériences de tous ceux qui se prétendent maîtres en l’art d’inventer des machines de guerre et ayant constaté que leurs machines ne diffèrent en rien de celles communément en usage, je m’appliquerai, sans vouloir faire injure à aucun, à révéler à Votre Excellence certains secrets qui me sont personnels, brièvement énumérés ici.

J’ai un moyen de construire des ponts très légers et faciles à transporter, pour la poursuite de l’ennemi en fuite ; d’autres plus solides qui résistent au feu et à l’assaut, et aussi aisés à poser et à enlever. Je connais aussi des moyens de brûler et de détruire les ponts de l’ennemi.

Dans le cas d’investissement d’une place, je sais comment chasser l’eau des fossés et faire des échelles d’escalade et autres instruments d’assaut.

Si par sa hauteur et sa force, la place ne peut être bombardée, j’ai un moyen de miner toute forteresse dont les fondations ne sont pas en pierre.

Je puis faire un canon facile à transporter qui lance des matières inflammables, causant un grand dommage et aussi grande terreur par la fumée.

Au moyen de passages souterrains étroits et tortueux, creusés sans bruit, je peux faire passer une route sous des fossés et sous un fleuve.

Je puis construire des voitures couvertes et indestructibles portant de l’artillerie et, qui ouvrant les rangs de l’ennemi, briseraient les troupes les plus solides. L’infanterie les suivrait sans difficulté.
Je puis construire des canons, des mortiers, des engins à feu de forme pratique et différents de ceux en usage.

Là où on ne peut se servir de canon, je puis le remplacer par des catapultes et des engins pour lancer des traits d’une efficacité étonnante et jusqu’ici inconnus. Enfin, quel que soit le cas, je puis trouver des moyens infinis pour l’attaque.

S’il s’agit d’un combat naval, j’ai de nombreuses machines de la plus grande puissance pour l’attaque comme pour la défense : vaisseaux qui résistent au feu le plus vif, poudres et vapeurs.

En temps de paix, je puis égaler, je crois, n’importe qui dans l’architecture, construire des monuments privés et publics, et conduire l’eau d’un endroit à l’autre. Je puis exécuter de la sculpture en marbre, bronze, terre cuite. En peinture, je puis faire ce que ferait un autre, quel qu’il puisse être. Et en outre, je m’engagerais à exécuter le cheval de bronze à la mémoire éternelle de votre père et de la Très Illustre Maison de Sforza.

Et si quelqu’une des choses ci-dessus énumérées vous semblait impossible ou impraticable, je vous offre d’en faire l’essai dans votre parc ou en toute autre place qu’il plaira à Votre Excellence, à laquelle je me recommande en toute humilité.»


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